le zombie consommateur
L’Homme aliéné du XXIème siècle
croit recouvrer son pouvoir et l’emprise qu’il a sur sa vie en se livrant à des
pratiques étranges consistant à se créer un double de sa vie grâce à des jeux comme
second life ou The Sims. Sims est le jeu vidéo le plus vendu au
monde et se présente lui-même comme un simulateur de vie. Simulateur de
vie ! La définition même du zombie ! Loin de s’arrêter là, les
annonceurs ont fait irruption dans cette manne de communication en créant les
services-games. Services est
l’euphémisme dissimulant le vilain mot publicité.
Dans ces jeux, vous conduisez une voiture à la marque mise en évidence. C’est
un service rendu à la population que de les informer qu’une telle voiture est
une très bonne voiture et qu’il serait bon de l’acheter. Si l’Homme croit
vraiment retrouver son pouvoir perdu dans de telles illusions avérées, c’est
qu’il est vraiment désemparé.
Dans « Zombies » (Dawn of the dead) Romero
fait se diriger la horde de zombies vers le centre commercial. Les survivants
se demandent pourquoi. L’un d’eux comprend alors qu’ils réagissent à une sorte
d’instinct qui les attire vers cet endroit qu’ils ont aimé. Il faut qu’un
lavage de cerveau soit suffisamment puissant pour que, même morts, même
asservis et sans conscience, le seul reliquat d’humanité qui persiste en eux
soit cet endroit, le seul à leurs yeux, où ils ont été heureux : Le centre
commercial.
Mais rêvons que ce cerveau humain passe de bouillie à
ébullition, qu’il fasse chemin arrière ou plutôt qu’il s’arrête juste avant la
bouillie fatale. Alors il sera capable de refuser l’inacceptable, se faire
manger le cerveau par les ultimes zombies du sommet. Quand manger du cerveau
est la seule obsession du zombie, l’éviter devient la seule obcession de
l’humanité survivante. Il y a peu entre survivre et être un mort-vivant.
Nous survivons quand nous manquons d’une cause forte.
La France n’a jamais été plus libre que
sous l’occupation, l’Angleterre jamais plus créative que sous Thatcher… S’en prendre aux Zombies avant qu’ils
ne s’en prennent aux survivants sera donc plus qu’une question de survie. Ce
serait le retour à un sens de la vie, au moins passager, un tremplin. Mais
pitié ! ne vous en prenez pas aux petits zombies comme moi, vous vous
tromperiez de cible.