zombification de la société, comment ça marche?
Plus je côtoie cette société, plus je la
comprends. Elle se reflète en moi.
Je suis devenue, par moi-même et pour elle, le
révélateur d’une société en pleine
Zombification.
Je fais partie de cette Génération Sacrifiée – Sacrifier
est un peu faire mourir, non ? – Je suis né l’année du premier choc
pétrolier, au moment où se terminaient les 30 années qui ont légué au Monde
l’illusion que le Capitalisme était la solution au bonheur. C’était peut-être
vrai. Et aujourd’hui, même si le capitalisme nous heurte, j’en profite tout de
même. Mais tellement moins qu’avant !
Or le sens même de
sacrifié implique qu’on se sacrifie pour.
En l’occurrence pour les suivants. La
génération future vivra mieux, le bonheur saute une génération etc… Mais tout
était faux. La société occidentale capitaliste s’enfonce, génération après
génération, sans pourtant jamais toucher le fond. Les suivants de ceux qui ont
grandi avec la crise, essuient une autre crise qui ne la remplace pas mais
vient en surcharge de la première et sur laquelle ils vont se construire.
On sait bien que c’est uniquement en touchant le fond
qu’on peut donner le coup de pied salvateur. Mais là c’est un trou sans fin, sans
cesse recommencé et où jamais rien ne meurt pour laisser la place à du neuf,
seule énergie vitale !
La société qui refuse de mourir un peu pour renaître
meilleure est comme les catholiques qui n’acceptent pas que la Vierge meure et
la dise en dormition. Nous sommes
dans une société en dormition. Un long hiver sans aucune chance pour le
printemps. Tout dans la nature a compris qu’il fallait mourir un peu pour se
régénérer. Sauf nous.
Sauf nous ? A moins que ce ne soit le sens de ce
mouvement inconscient de la destruction de la planète.
Mais
voilà 30 ans, la société occidentale s’est endormie. Le sursaut de mai 68 n’y a
rien fait. Les gens s’ennuient toujours autant dans cet hiver. Mais ils ne s’ennuient pas comme en 68, rien
de cet ennui ne porte à la rêverie d’un monde meilleur, au contraire, et encore
moins à la construction ou à la révolution. Cette génération est en dormition
et essuie une sorte de mort cérébrale qui la rend pareille aux zombies.
La mort, au lieu d’être considérée comme un passage
d’un état à un autre, fait peur. Alors on s’accroche coûte que coûte. Les
adeptes du vaudou qualifient les morts ainsi : Ceux qui ont évolué. L’Europe occidentale entière est une
morte vivante. Elle rate toutes les occasions de se réveiller. La dormition est
donc volontaire, le sacrifice est devenu un suicide.
La société se zombifie quand elle s’accroche à des
valeurs moribondes au lieu de suivre le mouvement inéluctable : Le
Progrès. Le Progrès est ce mouvement incontrôlable dans lequel s’inscrit
l’Humanité et sur lequel elle n’a aucune emprise volontaire. Le langage
évoluera malgré l’Académie qui s’accroche à un français verrouillé au siècle de
Louis XIV. La Globalisation est en train de pousser les mouvements de gauche et
de droite dans leurs retranchements et ils se laissent prendre au piège. Je
parle beaucoup de la France et de ce qu’on a coutume d’appeler l’Occident en
général. Mais il faut bien avouer que dans beaucoup d’autres coins du Monde, la
réflexion est plus poussée ou en tous cas moins bridée. Le Brésil, par exemple,
propose des solutions pour atténuer la lutte des classes, notion bien plus
vivace qu’on pense. Et puis, tiens, même les Etats-Unis nous étonnent dans leur
sursaut démocratique, dans la mobilisation de toute une société pour du
nouveau. De grands hommes, portés par la population qui veut reprendre les rênes
de son destin, offrent en retour une mise en mouvement où même les clivages
politiques se réinventeraient. Bien sûr, je parle là d’actions isolées mais on
connaît le pouvoir de locomotive des Etats-Unis qui tirent après eux le reste
du Monde. Et derrière, toujours, l’Europe, qui s’accroche à la fois à la
locomotive parce qu’elle ne peut pas faire autrement et à son passé qui,
parfois, l’ancre dans la raison, parfois l’embourbe.
Ce refus du mouvement crée des dommages collatéraux en
termes sociaux : une politique zombie qui s’accroche crée des individus
zombies qui ne sont pas à leur place : zombie alors le SDF, zombie le sans
papier, zombie le migrant, zombie le chômeur…
Les répercussions sont sans fin et paradoxales :
le refus du mouvement c’est l’inaction et les politiques du centre
l’illustrent. Ni trop ceci ni trop cela et tout ira bien. Mais pendant ce temps-là,
le Progrès, lui, ne s’est pas arrêté, c’est sa nature, il progresse.
La politique est certes le jouet de l’économie et
comme celle-ci est véritablement le Grand Zombie, alors : Zombi aussi la
société qui fonde son système financier sur l’argent virtuel, une chose qui
n’existe même pas et qui peut quand même entrainer la mort d’êtres
humains !
Zombie la société qui ne veut pas abandonner le
pétrole. Elle sait qu’elle court à sa perte, non seulement parce que le pétrole
est bientôt épuisé mais aussi parce qu’il est possible qu’avant même que le
pétrole soit épuisé, la planète devienne invivable.
Zombies, zombies, zombies !
Tous !
L’Etat refuse telle ou telle avancée
au nom de la morale. La morale ! le carburant de la zombification. Il y a
100 ans les femmes voulaient mettre des pantalons puis elles ont voulu voter.
Horreur à l’époque. Et railleries aussi. Qui, aujourd’hui en France, oserait remettre
en question le droit au vote des femmes ? Et chacun est forcé d’ajouter
que l’Etat était alors misogyne. Et maintenant, savez-vous que dans 100 ans on
dira Il paraît qu’en 2009, les homos
n’avaient pas le droit de se marier ? Tout le monde sera stupéfait de
voir que les homos n’avaient pas les mêmes droits que les hétéros, comme nous
sommes stupéfaits, révoltés même, en nous rappelant qu’un noir et une blanche
n’avaient pas le droit de convoler aux Etats-Unis il y a de cela 50 ans. Alors
pourquoi s’accrocher ? Pourquoi freiner le mouvement ?
Zombies, zombies, zombies !
Tous !
Et bienvenue !