Zombie-Queer
Le zombie n’est que très rarement montré comme un
personnage unique. Il est effacé voire anonyme dans une foule d’autres zombies
comme si l’humanité aujourd’hui ne jouait plus son bonheur individuel mais se
trouvait embarquée sur le même bateau qui part à la dérive, sur une Terre qui
perd sa banquise, sa faune et sa flore, dans un monde financier qui provoque la
chute des Etats jusqu’à la banqueroute… Un seul vampire peut endommager votre
vie, une horde de zombies fera sombrer l’Humanité dans le chaos. Pour le
spectateur, le vampire incarne l’expression théâtralisée du surgissement de la
mort, le zombie est du côté de la terreur et de l’effroi. C’est le nombre qui
fait peur. Mais n’allez pas croire que les zombies sont fédérés. Ils obéissent
simplement à une sorte d’instinct grégaire qui les pousse tous dans le même
sens. Au milieu de cette foule qui lui ressemble, le zombie est toujours seul.
Ce sont les survivants qui, face à eux, se sentent obligés de se regrouper.
J’aimerais ressembler à ces êtres humains qui nouent soudain des liens forts
contre l’adversité.
J’ai longtemps cherché, lorsque j’étais en vie, une communauté qui me
donnerait une légitimité et m’aiderait à construire une identité par effet miroir.
Deux ans durant j’ai fréquenté les boîtes gays sans voir qu’elles ne
m’apportaient rien de tout ça. Je continuais à être malheureux parmi de gens
qui ne me ressemblaient pas et auxquels je tentais pourtant de ressembler.
Grâce à mon nouvel état de zombie artiste, je crois avoir enfin trouvé ma société,
celle où je peux vivre zombie sans me cacher. Elle s’appelle
QUEER …l’univers rêvé.
A L’origine Queer est un terme anglais signifiant étrange, mais il résonne comme un mélange de queen et de weird, et fut
utilisé comme insulte à l’encontre des gays de tout genre avant qu’eux-mêmes le
récupèrent dans les années 80, marquant un
tournant générationnel dans le domaine des luttes autour des sexualités. Comme les
pédés espagnols se traitent affectueusement de maricon ! Le queer se veut avant tout festif. Il est
fort possible, comme le dit Didier Lestrade (et c’est là l’un des rares points
sur lequel je sois d’accord avec lui…) que le mouvement queer soit né pour
échapper à la détresse du SIDA.
Le mouvement queer, qui doit beaucoup
au féminisme, dépasse la lutte contre l’hétéronormalité et l’hétérosexisme (Le
queer est très proche de la théorie du genre qui distingue sexe social et sexe
biologique. La théorie queer est une possibilité de repenser les
identités en dehors des cadres normatifs). Ces dernières années, après avoir très bien joué son rôle auprès des
milieux gay, lesbien, transgenre etc…, le queer a eu tendance à s’étendre vers
une esthétique qui se rapproche de celle des Fétish, Trash, Freaks, Gothiques,
Punks, tout ce qui se trouve en marge de la normalité aliénante. Composé d’être
libérés, sexuellement mais aussi mentalement et politiquement, la mouvance
queer est évidemment très créative.