Lausanne ! histoires à dormir debout!!!
Nous voici revenus de Lausanne et on repart pour
Bilbao jeudi (où je vais enfin rencontrer Yogurinha Borova que j’adore) via
Barcelone. Nous n'aurons que mercredi pour travailler... or une amie, Delphine Delas, demande à Pierre
de rajouter une demi-heure à son concert. Autant dire qu’on n’est pas prêts. On
ne pouvait pas le faire ce week-end parce que, comme tout arrive toujours en
même temps et que Pierre sait tout faire, une amie espagnole de Barcelone, qui
est artiste et qui expose dans une galerie à partir d'aujourd'hui, a demandé à
Pierre de faire une vidéo avec les personnages qu'elle fabrique. On avait
apporté à Lausanne les personnages qu'elle avait envoyés par la poste. On a
filmé là-bas mais il fallait faire le montage à Paris, ça a pris 3
jours....donc on n'a que mercredi pour boucler le concert espagnol…
Lausanne c'était super, le concert comme le séjour. Le concert d'abord était sûrement mon meilleur, même si je me suis un peu plantée dans les chansons mais j'apprends encore. L'énergie était la bonne, j'ai improvisé autant que j'ai pu, le public était ravi et on a réussi à les emporter avec nous. On a fait une vidéo. Ce qu’on n’y voit pas c’est le temps que Vera a pris en silence pour enlever toutes ses bagues afin de mieux jouer sa sonate ; c’est la chute de cerise dans l’escalier à sa sortie de scène ; c’est l’angoisse de Sandrine et moi dans les loges au dessus de la salle en regardant chanter Chose Chaton, essuyant les plâtres avec le public, l’affrontant héroïquement seul avec en point de mire Vera, dans la salle, attablée devant un verre de vin ou de whisky offert par un admirateur qui lui avait aussi cédé sa place.
Videos: http://www.youtube.com/watch?v=Vv9W5jp2SCI
http://www.youtube.com/watch?v=YJG8EEc34Ko
http://www.youtube.com/watch?v=N8qz6lN--IQ
Ensuite, en ce qui concerne Lausanne, la ville même,
il faut avouer que je ne m'attendais pas à ça ! Je pensais que la Suisse
était un immense paradis fiscal uniquement peuplée de riches, comme un grand
16ème arrondissement... sauf qu'en réalité c'est glauque à mourir, les jeunes
s'ennuient, ils ont tous des têtes de hooligans, à 16 ans ils sont à la bière à
16 heures. Ils s'ennuient tellement qu'il y a un taux de toxicomanie
insoupçonné, j'ai vu des seringues sur des escaliers, ce que je n’ai jamais vu
à Paris, il y a même des poubelles spéciales seringues dans la rue, elles sont
rouges, on peut pas les rater! Et puis l'architecture même de la ville est très
étrange, c'est une ville en espaliers, avec des ponts qui relient les quartiers
entre eux, je ne comprenais rien à ces routes, les immeubles sont tous laids,
gris et marrons. Il y a bien une jolie vieille ville autour de la cathédrale et
puis le lac en contrebas. Sinon c'est d'une tristesse déconcertante. Sandrine nous
avait prévenus mais on la croyait pas. C'est très étonnant, on se croit à Beauvais ou Roubaix...elle nous a même dit
que la consanguinité était avérée et je le crois volontiers. C'est cette fameuse
histoire des crétins des Basses-Alpes qui
nous font des goitres... Cerise portait le sien fièrement sur scène.
Tellement fous, ces gens, que je vais essayer de vous raconter
rapidement l'aventure qui nous est arrivée: On est parti à 4: Vera, Sandrine, Pierre
et moi. Nous deux, après le concert,
avions une chambre retenue à l'hôtel pour une nuit seulement. Sandrine, elle,
dormait chez son copain et avait fourni à Vera l’appartement d’un copain à elle nommé Yves. Cet appartement
était assez grand et, comme on restait à Lausanne 4 jours, Yves nous passait
son appart pour nous tous durant le séjour alors qu’il dormait chez son boy-friend
Marco. On devait donc aller à cet appartement le lendemain rejoindre Vera.
Après le concert Pierre et moi allons à l'hôtel, Sandrine accompagne Vera à
l'appartement de Yves, lui en fait les honneurs, lui montre la chambre où il va
dormir et repart dormir chez son copain. Vera reste seule une minute et
s'allume une clope sur le canapé... quand une fille rentre dans
l'appartement!!! Elle pose ses clefs sur le bureau, jette un coup d'œil à
l'ordinateur comme pour vérifier ses mails rapido et voit Vera dans le salon.
Elle la regarde et lui lance alors Oui
c'est bon tu peux rester squatter si tu veux. Elle parle fort, sent très
mauvais et dit bizarrement Ouh je sui
fatiguée je vais me coucher et disparait direct dans la chambre ou Vera
devait dormir. Vera est dégoutée, elle va dormir sur le canapé, elle ne sait
pas où elle peut prendre des couvertures, elle voudrait d’abord finir sa clope
mais avant ça la fille redéboule dans le salon et lui dit Tu sais tu peux venir dormir avec moi si tu veux. Vera décline
gentiment, elle s'en va. Deux minutes après elle revient à la charge, T'es sûre? Vera reste gentille mais
ferme, non non, ça va merci je suis fatiguée aussi (il était 5h du matin).
La nuit passe, Pierre et moi sortons de l'hôtel à
midi, on va tout de suite rejoindre Vera à cet appart qu'on a jamais vu non
plus. On sonne, Vera vient nous ouvrir et dans la seconde qui suit on voit une
fille qu'on ne connaissait pas nous hurler dessus Ouais, ça va, je veux bien être cool mais tu vas pas ramener tous tes
potes squatteurs, vous pouvez pas venir
je suis désolée, vous partez, allez dégagez Nous, médusés, on sait pas quoi
faire sauf que Vera nous dit Je vous en
supplie, rentrez vous allez comprendre, il y a un problème... nous on
comprend rien on se dit qu'il y a une colocataire qu'on ne connait pas, on
n'était pas au courant, au début on croyait qu'elle criait pour faire une
blague de bienvenue mais on se rend compte que la blague dure trop longtemps
et que quelque chose cloche parce que Vera
ne rigole pas du tout...
Et petit à petit on comprend.
En fait cette fille est rentrée parce que la porte
n'était pas fermée, elle n'a pas posé ses clefs sur le bureau mais subtilisé
les clefs de Vera (avec son portable d'ailleurs) et elle ne connait absolument
pas la maison, elle a juste bluffé. C'est l'odeur de la fille qui nous met sur
la voie. Nous, gentils, on commence à lui poser des questions, elle refuse de
répondre ou alors nous sort des trucs dans la logique du paranoïaque, je vous
passe les détails. Sauf qu'elle est tellement forte qu'on a le doute, si ça se
trouve c'est une fille que connait Yves, ou sa sœur, qui sait? Dans le doute, on
n'ose pas la foutre dehors ni la brutaliser. Elle parait vraiment bizarre et
assez agressive et puis surtout elle a les clefs de l'appart et le portable de
Vera qu'elle ne veut pas rendre. Ne voulant rien tenter d'irréversible on
appelle Sandrine puis Yves qui arrivent dans la demi-heure. Ils ne la
reconnaissent pas. Sandrine appelle les flics qui eux la reconnaissent...
Il s'avère que c'est une fille qui rentre chez les
gens puis croit que tout ce qui est là lui appartient. Venue d'Italie mais de
langue française, elle fait ça sur Lausanne depuis 6 mois environ, et on
apprend le lendemain qu'on appelle ça le syndrome
du coucou, et je me souviens en avoir entendu parler, en effet, à cause du
coucou qui prend le nid des autres pour faire pondre ses œufs ou quelque chose
comme ça…
En tous cas quand les flics la fouillent, ils trouvent
des douzaines de trousseaux de clefs, des papiers divers, des petites choses en
tout genre.... Mais elle n’avait rien volé parce que comme elle se croyait
vraiment chez elle, au contraire elle avait pris le temps de ranger ses pulls
dans l'armoire, ses chaussures dans le placard. Pour elle, elle ne volait rien,
ni les clefs ni le portable, c'était à elle. Il a fallu quatre flics pour la
maitriser et la faire partir, elle était rentrée dans une rage incroyable,
probablement psychotique paranoïaque, elle était persuadée qu'on était là pour
la jeter hors de chez elle et lui faire du mal ailleurs. Elle disait que les
flics étaient des faux flics, qu’Yves ne lui avait pas montré sa carte
d'identité, qu'il pouvait être n'importe qui...
Bref on n'a parlé que de ça tout le séjour. On en
riait, tellement c'était surréaliste, l'histoire du coucou de Lausanne!
C'est moi qui ai trouvé la meilleure blague, celle du coucou suisse. Forcément!
Une
ville de fous je vous dis!!!
Il n’empêche qu’une fois de plus nous étions aux
prises avec quelqu’un qui n’était pas sa place, et qui était pourtant persuadée
du contraire.
Lausanne, où les freaks (Cerise et l’armée de monstres que j’invoquais au
concert) ont été remplacés par la folle à la conscience sinon dérangée au moins
décalée, une sdf errante, une zombie de plus.
La prochaine fois, je vous raconterai le scandale qui
a eu lieu pendant le spectacle la veille, quand j'étais sur scène et où je me suis
mis à insulter la vieille meneuse de revue du pays des morts qui est là depuis
2000 ans et qui ferait bien de laisser sa place. Sur scène je raconte une
fiction, bien sûr, mais il y a eu Greta Gratos ! Avec son orgueil démesuré
et son faciès en effet hors d’âge, elle s’est cru visée et a essayé de faire
partir le public à sa suite. Heureusement le public adorait et ne voulait pas
partir mais j'ai appris le lendemain que ce même public croyait quand même
qu'en effet je parlais d'elle... Morte, elle bougeait encore ! En fin de
soirée, elle avait demandé un micro et improvisait sur scène à côté du
DJ : On attend de moi des scandales…
Je fume… je bois… je fume et je bois… et je me noies… dans vos inimitiés et
dans vos lois… je bois !
Une
ville de fous je vous dis
Et encore, je ne vous parle pas de Riond, Les films à la con ! Riond,
c’est son nom. Chez lui c’est le musée des horreurs fantastiques, le cabinet
des curiosités en plastique, un paradis aux murs invisibles et recouverts de
figurines. On a regardé tous les DVD de ses films
à la con. On en n’est pas revenu.
Béjart
est mort ce jour-là…
Tu
m’étonnes !